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Guilloting Me Guilloting You

Titre miroir qui dit le duo mais évoque dans le même temps la dualité, « Guilloting Me Guilloting You »

renvoie à un mouvement de balance. Le va-et-vient qu’induit la sonorité du titre de l’exposition laisse entrevoir le dialogue sans concession qui s’instaure entre Aurélie Denis et Irina Rotaru.

Tout dans cette exposition nous ramène au caractère essentiel du dessin. Irina Rotaru et Aurélie Denis

se sont en effet lancé le défi de contredire la tendance selon laquelle drawing is taken for granted, le dessin va de soi. C’est tout le contraire, semblent vouloir dire les deux artistes. Et, joignant le geste à la parole,

dans leur échange trait pour trait, elles entendent bien confirmer cette intime conviction.

Irina Rotaru présente des grands formats. La surface de ses feuilles s’anime des traits qu’elle y dessine jusqu’à en marquer la texture, l’épaisseur. Ses compositions semblent parcourues par des mouvements contradictoires. De cette dynamique naît une énergie, une tension qu’amplifie le choix des couleurs

et la texture même de la feuille.

Certaines œuvres d’Aurélie Denis sont empreintes d’une tentation pour la narration. L’artiste n’hésite pas

à se mettre en scène dans nombre de ses dessins qui laissent transparaître parfois un humour bien singulier. Dans ses œuvres au pastel gras, on éprouve le plaisir qu’elle ressent à laisser s’exprimer

son amour de la couleur. Le geste d’Aurélie Denis apparaît plus ample : « J’ai besoin d’espace », dit-elle.

Irina Rotaru quant à elle concentre l’énergie qui se dégage de son trait tandis qu’Aurélie Denis le laisse surgir. Dans les deux cas, le dessin engage physiquement. Seule l’énergie qui s’en dégage s’expérimente différemment. « Ce qui nous rapproche c’est le trait, ce qui nous éloigne c’est le geste », affirme Aurélie Denis. De par leur dimension physique et l’énergie qui en émane, leurs travaux convoquent le corps

du spectateur. L’exposition reflète cette tension nécessaire qu’une œuvre doit insuffler pour exister pleinement.

 

Dagara Dakin

Paris, le 31 août 2014

 

Aurélie Denis vit et travaille à Paris. Ses travaux sont édités par les éditions Derrière la salle de bains.

Irina Rotaru vit et travaille à Paris. Elle est représentée par la Galerie Maubert.

Aurélie Denis 

 

 

(...) Dans ses dessins à l’encre de chine, le trait est léger, vibrant, filiforme, mais aussi, par endroits, cerne plus appuyé créant contraste. La réserve y occupe une place importante. Cet espace créé par la nudité de la feuille participe du silence qui s’invite dans ses dessins pourtant très parlants. Il dit l’espace vierge, le vide.

Les figures que l’artiste représente sont décomposées, fragmentées. Elles semblent hésiter entre la danse

et la lutte. Leur hésitation n’en traduit pas moins l’idée d’une violence faite au corps. Son dessin rappelle parfois certaines œuvres graphiques de Maria Lassnig.

Le mouvement et la sexualité y tiennent une place prépondérante.

Le désir est moteur. Ses dessins sont intimement liés

à ce qu’elle ressent et perçoit d’elle-même et du monde qui l’entoure. Son œuvre apparaît dès lors comme un prolongement de son existence. Il n’y a, semble-t-il,

pas de dichotomie entre les deux. Le corps est au cœur même de ses réflexions. (...)

 

                                           

                                                                   Dagara Dakin

                                  Extrait du texte Le corps à l’oeuvre

AURELIE DENIS

 

Curriculum Vitae

 

Irina Rotaru

(...) Le rôle de celui ou celle qui donne à voir, c'est d'agiter les regardeurs pour qu'ils saisissent plus de réalité. Le réel est secret, c'est-à-dire que l'on ne pourra jamais le représenter. Les grands lettrés et les grands mystiques orientaux, particulièrement au Japon (un pays dont l'art musical, pictural - notamment l'Ukiyo-e, n'est pas sans fasciner Irina Rotaru), avaient compris qu'il y a des degrés de lecture. Le dessin d'Irina Rotaru est une manière occidentale de dire la même chose : que l'on ne peut pas vivre d'apparence. Et c'est dans ses dessins que ce dessein est particulièrement visible. Le dessin décape la trivialité du monde des apparences pour atteindre du monde le secret, le cœur, la vulve mère, la cellule souche (…)

 

Lucas Hees

extrait du texte Le dessein du dessin

IRINA ROTARU

Irina Rotaru est représentée par la galerie Maubert.

 

Curriculum Vitae

 

Aurélie Denis

Irina Rotaru

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