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DU 5 AU 15 NOVEMBRE 2014

 

VERNISSAGE 

LE MERCREDI 22 OCTOBRE

DE 19H À 21H

PERFORMANCE DE CAMILLE LEHERPEUR 

 

CONCERT VENDREDI 14 NOVEMBRE À 20H

GUILLAUME REVILLON EN COLLABORATION AVEC CAMILLE LEHERPEUR 

 

 

 

Camille Leherpeur est né à Paris (France) en 1990. Très tôt il est initié aux mondes de l’art

et de l’artisanat, grâce à l’éducation de sa mère artiste peintre et son père menuisier.
Au cours d’une adolescence difficile, Camille Leherpeur se trouve en inadéquation avec le système scolaire français. Au terme d’une longue dépression et de plusieurs séjours dans des institutions psychiatriques, il finit par s’inventer un parcours singulier et original à travers l’enseignement

artistique. Fort d’un certificat professionnel de dessin d’exécution, dont il tient encore aujourd’hui

une connaissance rigoureuse du dessin de lettres et de la typographie traditionnelle, il rentre au lycée parisien Auguste Renoir où il passe un baccalauréat d’arts appliqués. Ne trouvant pas sa place

dans l’enseignement supérieur français, il poursuit ses études à Bruxelles (Belgique) au sein

de l’Ecole nationale supérieure d’arts visuels de La Cambre. Cette école fondée par un penseur

du Bauhaus lui offre un environnement propice au travail transdisciplinaire et riche d’une histoire artistique et technique. L’Atelier ‘’Gravure et image imprimée’’, qu’il suit à La Cambre, lui permet

de trouver sa place au carrefour des problématiques sur la diffusion et la reproduction des images.

Il y développe un travail artistique complexe où se rencontrent et se croisent les différents médiums

de l’art contemporain, voire divers outils d’expression comme ceux de la performance, de l’impression digitale et de la musique électronique, avec le regard critique sur l’Histoire. La question que son travail pose est la suivante: comment écrire l’Histoire en se servant de modes d’expression propres

à l’historiographie européenne, plus précisément, comment réactualiser ces modes d’expression

en les appliquant au contexte contemporain? Il vise donc à reconsidérer et déconstruire les structures traditionnelles de représentations du pouvoir : en fabriquant des artefacts de pouvoir

et en les détournant de leur contexte, il les transpose dans le champ de l’art contemporain

pour en faire émerger leur vanité. Politiquement marqué par la pensée anarchiste du sociologue

Pierre Clastres et profondément affecté par la crise européenne, ces objets sont portés à l’occasion

de performances, afin de faire parler un personnage de chef vaniteux et sans pouvoir, répondant

aux figures de roi et de fou, à la fois ridicule et terrifiant, puissant et impuissant.

Diplômé de la Cambre en 2014, Camille Leherpeur poursuit son travail de recherche dans le cadre

d’un master Beaux-arts à l’école Central Saint Martin, à Londres (Royaume-Uni). 

 

 

 

« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament. »

          René Char dans Feuillet d’Hypnos, 1947 

Comment écrit-on l’Histoire contemporaine?

Il existe à Bruxelles au croisement de l’avenue des Arts et de la rue de la loi, le carrefour Arts-Loi.

Ce curieux assemblage des concepts Arts-Lois, incongru au premier abord, ne l’est à la réflexion

pas tant que ça. Longtemps l’art a illustré et éclairé la loi et l’ordre législatif, comme le montrent

la stèle du code d’Hammurabi ou les portraits des rois, reines, empereurs et impératrices mettant

en scène les dirigeants de l’époque avec tous les attributs symboliques du pouvoir.

Ces images sont désormais conservées dans les musées, et force est de constater que la révolution informatique et numérique a complètement transformé non seulement la façon d’appréhender l’Histoire et de transmettre notre héritage historique, mais aussi d’écrire l’Histoire contemporaine

en les reproduisant en des milliers d’exemplaires sur l’Internet.
À l’heure où Google ou Facebook proposent (certains même diront imposent) leurs historiographies

au travers du verre de nos écrans, tandis que le Louvre ou la National Gallery continuent de proposer leurs historiographies principalement au travers du verre de leurs vitrines, l’exposition Arts- Loi propose des pistes de réflexion sur cette transformation de l’historiographie. En mêlant les codes

de l’historiographie muséale, celle qui raconte l’histoire des puissants d’antan, à ceux de l’historiographie anecdotique des réseaux sociaux d’internet, celle qui raconte nos histoires, l’artiste interroge les profondes métamorphoses politiques que traversent nos sociétés.

Ainsi l’exposition Arts-Loi pose la question de l’historiographie à travers les symboles du pouvoir : ces objets qu’arborent les puissants, à la fois attributs et justifications de leur pouvoir, ils confirment le statut de puissant par une translation dans le domaine du divin et de l’éternité. L’artiste, en fabriquant lui-même un jeu de regalia, se réapproprie ces objets de prestige, il s’autorise de les sortir de leur vitrine et les activer. Naît alors un personnage d’anarchiste couronné, le temps d’une performance artistique où la représentation théâtrale se confond avec la présentation de la vie quotidienne.

Roi du fou et fou du roi, ce personnage incarne la folie des temps où les différences s’effacent, où l’impuissant devient puissant, où le bouffon est austère et où le ridicule terrifie.

Alors là où « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. » (Baudelaire, dans La vie moderne du peintre, 1863), le fugitif de la performance doit être complété par l’éternité de l’archive et Arts-Loi pose aussi cette question de l’archive numérique, de la pérennité des nouveaux médias, de leur restauration et, enfin, des multiples biais historiographiques de ces nouveaux systèmes. 

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