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Du 20 novembre

au 6 décembre

2014

ALBERT HIRSCH

SCULPTURES PLATES

De ses œuvres de fer et d'ardoise, Albert Hirsch retient, dans ces sculptures plates, 

toute la force et la légèreté dansante. Il ne sculpte pas le papier, le relief est minime, 

il  travaille, après avoir déconstruit la surface, la lumière intérieure qui en émane.

L'artiste, ici, ne se disperse ni ne faiblit, il est tout entier présent à soi.

 

                                                                                             

                                                                                                                   Maurice Benhamou

 

Albert Hirsch entre Matière et Lumière

Il y a longtemps que dans la conscience artistique, le visage de la terre, la figure humaine sont brouillés. 

C’est à peine si les peintres osent encore en esquisser les traits, entre incertitude cet effroi. Car comment 

regarder sans ressentir ? Comment donner à voir sans témoigner ? Comment pas ne savoir, ne pas prévoir, 

quand le pire a déjà eu lieu, quand toute question est précédée de sa réponse ? 

Notre mémoire est terre fertile. « Quel paysage ? » s’interroge Albert Hirsch en la traversant (Encre et 

lavis, 1997). Mais un si blanc silence, en ce champ boueux du désastre, en ce tremblant massacre, n’est pas 

celui de la mort dernière. Ce n’est pas davantage cette mort qui anime, comme l’eau les mottes du labour, 

la densité des pigments verts de ces chemins (Vert, 1998), aussi proches d’une fin que de la création d’un 

monde. Sommes-nous déjà poussière, comme ces jeunes hommes venus de si loin, répandus en terre 

picarde par la folie guerrière, ou pas encore nés, portés comme une graine par ces brumes à travers 

lesquelles Albert Hirsch fait à la fois surgir et disparaître les horizons qu’il surprend, dans le crépuscule 

variable des couleurs ? 

Question et réponse ne sont plus celles d’un sens dont l’homme serait le maître présomptueux mais 

l’explorateur, ébahi par cette matière nocturne dont le peintre comme le sculpteur fait sourdre la lumière, 

réapprend la joie. 

Anne Reinbold 

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« L’œuvre du sculpteur Albert Hirsch est singulière dans le siècle.

Dès les premières réalisations en 1968, le poète René Char, passionné par l’élan impressionnant de cette inspiration, soutint l’artiste jusqu’à l’impliquer dans la fabrication des décors et même des costumes

pour la réalisation de ses ballets. C’est en mémoire du poète qu’Albert Hirsch organisa, sous le patronage du Sénat une mémorable exposition de sept grandes sculptures sous les frondaisons du jardin du Luxembourg. 

 

Nous vivons dans une période de l’histoire de l’art où les sculpteurs qui forgent, soudent, taillent, sculptent et exultent de le faire deviennent rares, tandis que d’autres font réaliser leurs œuvres

sur plans en usine, les privant de toute sensibilité au profit certes parfois d’autres qualités pourtant toujours impersonnelles. Aussi éprouvons-nous de la gratitude envers Albert Hirsch d’avoir conservé à une sculpture d’une grande modernité la grâce, le charme, le tremblement existentiel que les sociétés occidentales ont toujours associés à cet art. Un travail nourri de musique contemporaine,

de jazz, de danse et de théâtre mais aussi de sentiment de la nature et de méditation mystique. 

 

L’ensemble exceptionnel des belles sculptures d’Albert Hirsch,

qui y balisent un itinéraire symbolique, convient à une ville, Amiens, dont cet art fait partie depuis des siècles non sous la forme d’une statuaire institutionnelle et commémorative s’adressant à l’homme social, mais sous celle d’un « rêve de pierre » comme Ruskin appelait la Cathédrale. 

Et ces œuvres de fer forgé d’aujourd’hui, faîtes aussi pour le rêve, relayent et font résonner autrement les pierres anciennes. 

 

Ces œuvres empreintes de grâce et de simplicité, très complexes néanmoins ne sont pas immobiles pourvu que le regardeur

ait l’intelligence de ne pas se planter mais de tourner lentement autour d’elles, de danser avec elles sans s’en rendre compte. 

Légères, dansantes en effet elles se révèlent à chaque pas sous

un aspect nouveau. On en franchit le seuil comme d’ailleurs

les pénètrent le ciel et les arbres. En vérité sans qu’on s’en aperçoive, elles s’enfuient sur les pointes, disparaissent laissant le regardeur sous leur charme magique avec une autre vision de l’art et l’intuition qu’en ce monde mystérieux, quelque chose, de toute part, danse. » 

Maurice Benhamou

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